mardi 31 décembre 2013

Merci à vous...

34°39.214S 54°08.588W
La Paloma, Uruguay

Je ne suis pas fan des devoirs imposés, et ce quelles qu’en soient les raisons, fussent-elles logiques ou même raisonnables. Néanmoins, en ce dernier jour de décembre j'ai ressenti l'envie de vous dire merci pour cette année que nous venons de passer ensemble. Merci pour votre soutien et votre présence tout au long de ces douze mois, et ce malgré le fait qu'ils n'aient pas été aussi riches en événements que les précédentes.

Levé de soleil sur le port de La Paloma

Enfin.... Si, quand même. Il y aura eu mon idylle avec ma belle américaine, les travaux sur La Boiteuse, mon accident et celui de Touline, la découverte de ce petit pays extrêmement attachant qu'est l'Uruguay... Bref, j'ai vécu tout un tas de trucs passionnants et d'autres moins. J'ai eu des moments de bonheur intense, des joies fabuleuses. Mais aussi des déceptions, des angoisses, et n'hésitons pas à le dire, des moments de dépression. De grandes remises question, sans pour autant avoir pu y apporter des réponses... Des moments de rien, de vide... En somme, ni plus ni moins que ce que peut traverser un être humain normal.
Cela dit, je reconnais toutefois que je n'ai sans doute pas su, ni pu ou voulu, vous faire partager tous ces moments autant que vous l'auriez souhaité. C'est que, je pense que vous le comprendrez, ce n'est pas forcément évident de tout vous dire. J'ai beau avoir la réputation d'être assez libre de mes propos, il en est certains que je préfère garder pour moi.

La Boiteuse

Demain nous serons en 2014, et le fait de me retrouver exactement au même endroit qu'il y a quasiment un an, symbolise assez bien cette impression que j'ai parfois d'avoir fait les mauvais choix et d'avoir tourné en rond pendant un an... Mais cela peut revêtir également un autre sens : Cela peut signifier qu'une parenthèse est close, et qu'un autre chapitre s'ouvre devant moi pour peu que je veuille bien me donner la peine de tourner la page.
J'avoue que j'hésite encore à choisir l'une ou l'autre de ces hypothèses. D'ailleurs le faut il vraiment ? Tourner la page n'est pas vraiment dans mes habitudes, et l'optimisme béat des résolutions du Nouvel An n'est pas ma tasse de thé non plus... C'est une question d'humeur en fait.

J'ai de la visite...

Je suis le genre de type qui se laisse ballotter par le vent, et qui avance dans la vie en se coltinant une tonne de valise. Mais je suis persuadé aussi que demain le hasard peut m'apporter mon lot de joie et de rêve... Qui sait ce qui m'attend à la prochaine escale ? Quelles rencontres vais-je faire ? Quels lieux vais-je découvrir ? Même si toutes ces questions me rassurent autant qu'elles m'inquiètent, elles me font avancer. Prudemment, pas à pas.

Touline médite... Oui, mais à quoi ?

En tous cas, merci encore d'être là, et de m'apporter soutien et réconfort dans vos commentaires. Je sais bien que j'ai tendance à tenir cela pour acquis, et que je ne vous le dis sans doute pas assez souvent... Oui mais voilà, de temps en temps il faut bien que ça sorte, et un 31 décembre vaut bien un autre jour pour vous le dire. Donc, merci à vous... et je vous souhaite une excellente année 2014 !

vendredi 20 décembre 2013

Back to La Paloma

34°39.214S 54°08.588W
La Paloma, Uruguay

Tout arrive à qui sait attendre. Bon ok, quatre mois je reconnais que c'est un peu long comme attente, et la teneur de vos commentaires depuis quelques semaines en disait long sur votre impatience de me voir reprendre mon périple. Impatience non partagée, je me tiens de quand même le préciser. J'étais bien à Piriápolis, tranquille. La vie s'écoulait doucement dans une espèce de torpeur abrutissante à souhait. Il y avait bien une petite voix qui de temps en temps me soufflait au creux de l'oreille que cette situation n'était pas idéale, mais j'arrivais à la faire taire en proclamant mon libre arbitre. Je fais ce que je veux, c'est moi le patron, et pis c'est tout.
Oui mais voilà, les choses changent. Pour des considérations bassement économiques j'ai dû décarrer de Piriápolis et me voilà maintenant de retour à La Paloma. Était-ce un coup de pied au cul nécessaire et bienvenu ? L'avenir le dira. Mais pour l'heure je vous propose le récit de cette petite traversée sous forme de journal de bord, comme vous en aviez l'habitude

Dernière soirée à Piriapolis
Cela faisait un moment que je la guettais cette fenêtre météo. Une semaine que je la scrutais deux fois par jour afin d'en déterminer l'évolution. Allait-elle me permettre de rallier directement le Brésil, ou seulement de faire escale à La Paloma ? L'anticyclone s'est gonflé et dégonflé. Il est monté de quelques degrés au Nord, puis est redescendu au Sud... Bref, comme il est de coutume depuis que je suis dans cette région du monde, quarante huit heures avant mon départ je ne savais toujours pas où j'allais aller. Et puis ce lundi je me suis lancé : j'ai annoncé officiellement mon départ pour mercredi matin au bureau de la marina, même si je n'avais pas encore pris ma décision quant à mon point de chute. Advienne que pourra. Ce n'est que le lendemain matin, que je prenais la décision finale, j'allais partir le soir même et ferais escale à La Paloma.

Mardi 17 décembre 2013

La journée de mardi fut consacrée à l'avitaillement, à la préparation du bateau et aux formalités administratives. C'est là que ça se complique, car je ne sais pas s'il vous en souvient mais il n'y a pas de bureau d'immigration à la Paloma... J'ai donc dû tricher un peu, et annoncer que je quittais définitivement le pays à partir de Piriápolis. Bon, dans l'absolu cela ne prête pas trop à conséquence. Les autorités uruguayennes sont assez coulantes et ne devraient pas prendre ombrage de ce petit changement de plan... (Par contre, faites ça au Maroc et c'est tout juste si vous ne finissez pas en prison !)
Même si j'ai été pas mal occupé, suffisamment pour oublier de manger à midi, j'ai quand même pris le temps de faire une petite sieste d'une heure. Il faisait une chaleur à crever, et à m'activer ainsi sans trop faire attention, j'ai vite pris des couleurs oscillant entre le rouge brique et le cramoisi. J'étais chaud, dans tous les sens du terme, et je n'ai pas ménagé mes efforts. Si bien que j'ai pu partir dans les temps... Ce qui doit être une première !

Ah oui ! J'allais oublié un truc qui va avoir son importance. Alors que je nettoyais mon winch bâbord qui était passablement grippé, j'ai fait la connerie du siècle. Le pignon principal m'a sauté des mains pour finir à la flotte. Hors de question d'essayer de le récupérer par cinq mètres de fond vaseux... Bref, je ne suis pas dans la merde, mais pas au top non-plus. Ça va être coton pour border la voile d'avant au près serré mais je pense que je vais pouvoir me débrouiller et trouver un moyen. Je me console en me disant que de toute façon ces vieux winchs obsolètes commençaient à me gonfler sérieux et que les remplacer par des winchs modernes avec un self-tailing sera probablement une bonne chose. Quand et où, là est la question.

19H30 : J'enferme Touline dans la cabine avant et j'allume le moteur. Éric, le skipper de Yasmine a mis son annexe à l'eau et se positionne pour pouvoir me décrocher les amarres arrière. Sur le quai, mes autrichiens préférés sont là aussi. Anna, Franz et la petite Milena sont venus me dire au revoir et prendre quelques photos. On s'embrasse. On s'échange les dernières recommandations... Et c'est parti !

On a une sale gueule tous les deux !
20H10 : (Merde, j'ai déjà dix minutes de retard sur le programme !) Je décolle doucement du quai en marche arrière. J'avale mes amarres le plus vite possible pour éviter qu'elles ne se prennent dans l'hélice (manquerait plus que ça) tout en négociant la manœuvre, la barre entre les jambes. Décollage impeccable. Je saisi ma corne de brume, et je proclame à la face du monde que je m'en vais. Sur le quai et dans l'eau, les amis de rencontre me saluent avec de grands gestes.
J'ai demandé qu'Anna fasse des photos du bateau en train de partir, aussi je décide pour épater la galerie de hisser mes voiles aussitôt l'entrée du port franchie. Pour se faire je fais un petit tour dans la baie de Piriápolis, et en deux coups de cuillère à pot la Boiteuse se retrouve toute voile dehors et passe la pointe de la digue, travers au vent, à ces cinq nœuds. Ça y est, on est parti.

20H45 : Je sors mon cahier à spirales et je commence à jeter quelques mots dessus. Pas facile de se remettre à l'écriture ! Pour l'instant La Boiteuse est au près serré, toujours à cinq nœuds. Le vent vient de l'Est, pile poil dans mon cap... Ça devrait évoluer dans la nuit. Enfin, c'est ce qui est prévu sur le papier. Touline n'est pas très en forme. Elle est allongée sur le capot, les yeux mi-clos... Je suis sûr qu'elle m'en veut.

L'astre de la nuit
21H00 : Le Mer-Veille commence à sonner. Entre les cargo mouillés au large et ceux qui descendent ou remontent le Rio de la Plata, c'est qu'il y a du monde sur l'eau ! J'éteins l'appareil qui ne m'est finalement d'aucune utilité. Je fais chauffer de l'eau pour le maté.
Je suis toujours au près serré, cap au 180°. La houle est petite, et serrée elle aussi. C'est un peu cahoteux pour un début mais bon... Ça va. La pleine lune se lève à l'Est. Elle devrait m'accompagner toute la nuit.
Il faut que je mange un peu là... J'ai l'estomac vide depuis vingt-quatre heures, et ce n'est pas raisonnable. J'avale deux petits sandwiches jambon-beurre.

Le mercredi 18 décembre 2013

06H00 : La nuit a été... compliquée. Tout d'abord, la bascule que j'espérais n'est jamais arrivée. Ce qui veut dire que je me suis tapé du près toute la nuit. J'ai peu dormi, tenant à serrer le vent du mieux possible afin de ne pas rajouter trop de route. Mais je crois que c'est peine perdue. Je ne sais pas combien ça va faire au final, mais je suis sûr qu'on sera assez loin des 68 milles prévus (j'en ferais au final 82). Qui plus est, ma vitesse n'a pas été fameuse malgré la GV haute et le foc déployé en grand. A peine 30 milles en huit heures...
Je n'ai pas eu froid, contrairement à ce que je craignais. J'ai dormi par toutes petites tranches de 30 minutes, Touline dans les bras. La pauvre n'a vraiment pas apprécié de se retrouver en mer après une si longue escale, et je crois qu'elle avait besoin du réconfort de son Papa. C'est bien de dormir avec un chat dans les bras, car justement c'est une occasion idéale pour ne pas dormir.

levé de soleil sur un winch en bon état
Alors que le soleil se lève c'est à mon tour de ne pas me sentir bien. J'ai mal aux pieds, j'ai eu des courbatures et des crampes toute la nuit. En plus j'ai un début de nausée... Le café du matin a du mal à passer. Je crois que je vais m'en tenir au maté, qui décidément est la boisson idéale en mer.
Je vois encore Punta del Este sur bâbord arrière. Putain, on n'est pas arrivé...

08H00 : Je me traîne. Même pas deux nœuds au compteur. C'est hyper frustrant, surtout que la mer elle, est toujours aussi hachée. Il me reste une trentaine de milles à parcourir en ligne droite, et pour l'instant je suis obligé de tirer un long bord qui m'éloigne de cette ligne droite. Nous faisons route au 90°, alors qu'il faudrait que je fasse du 30°... J'hésite à allumer Mercedes.

09H30 : YES !!! Ça-y-est, le vent a enfin tourné ! Grand largue, tribord amure, droit sur La Paloma à 5,5 Nœuds !!

09H33 : Et merde... C'est quoi ce bordel ? Voilà que c'est la pétole maintenant.

09H35 : J'en ai marre. Je démarre le moteur. C'est dingue ce qu'il peut se passer en cinq minutes, hein ?

Une Urugua-chat !
10H30 : Mercedes ronronne comme une chatte. Bon ok, une chatte un peu bruyante, je vous l'accorde. Touline elle exprime sa désapprobation en miaulant par intermittence. Elle déteste quand le moteur tourne... Il doit y avoir des ultrasons ou des trucs comme ça qui la dérange.
Si tout va bien nous arrivons dans six heures. (Mas o menos)

11H00 : Je déjeune de trois gros sandwiches pain-beurre-jambon-fromage. J'ai une putain de dalle ! Voilà qui est bon signe !
La mer et le ciel sont bleus. Peu ou pas de vent, mais la houle est toujours là, petite mais serrée, pile dans mon nez. La Boiteuse ressemble à un cheval à bascule qui caracole sur l'eau.
Je vais essayer de dormir un peu...

13H45 : Cool ! J'ai fait dodo pendant presque deux heures non-stop. Un bon et gros dodo réparateur. Heureusement que l'océan est désormais vide... Oui, je dis l'océan car nous avons maintenant quitté le Rio de la Plata et nous sommes de retour dans les eaux salées et océaniques. Plus que 13 milles à faire. J'aperçois déjà cette tour immonde qui a poussé en plein milieu de la petite ville de La Paloma (excellent amer au demeurant), telle une pustule sur un pif.

14H30 : La Paloma... Ça me fait tout bizarre de revenir ici. C'est là que nous nous étions retrouvé, Zoë et moi il y presque un an de ça. Un an déjà ? Comment le temps fait-il pour passer aussi vite, et en même temps ne laisser aucune trace ? Pour moi c'était hier, et tout ce que j'y ai vécu est encore bien présent dans mon esprit. Douloureusement présent.
Et merde, maintenant que je suis sur le point d'arriver, je me rends compte que je n'avais absolument pas prévu que revenir à La Paloma pouvait raviver tous ces souvenirs. C'était pourtant prévisible, me connaissant. Bordel de merde, j'espère que cette nouvelle escale ne va pas se transformer en un pèlerinage emprunt de nostalgie...
On peut toujours rêver.

Oups ! Y'a du monde !
15H15 : Fait suer, même au moteur je suis obligé de louvoyer pour garder la GV en appui et avoir assez de vitesse. C'est dire que j'ai vraiment le vent dans le nez, sans parler du courant.
La Paloma est maintenant bien visible. On est bientôt arrivé.

15H40 : Chose bizarre, je n'ai pas vu beaucoup d'animaux durant cette petite nave. A part quelques puffins majeurs et quelques méduses, la mer était un vrai désert.

17H30 : Je viens de contourner le Bajo Falkland délimité par sa cardinale Nord. J'ai également appelé le contrôle du port pour signaler que j'arrivais. Y'a plus qu'à accoster tranquillement.

17H50 : A peine les amarres lancées, elle sont saisies par deux marineros de la hydrografía. Je jurerais que ce sont les mêmes que l'année dernière. Sur le quai, quelques pêcheurs taquinent le poisson sabre. Il n'y pas de doute, je suis bien arrivé à la Paloma.
A peine le moteur arrêté, je libère Touline qui se précipite et bondit sur le quai en béton. Elle semble un peu perdue et choquée. Moi non, je suis bien content d’être arrivé.



Ouf... On est arrivé.

mardi 10 décembre 2013

Ça va ? *

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Fait chaud !
Ce dimanche, six heures du matin, le thermomètre affichait déjà 25°C à l'intérieur de La Boiteuse. Ces derniers jours, lorsque le vent n'est pas au Sud, il peut faire plus de 35°C, et lorsque je suis assis devant mon ordinateur, sentant la sueur dégouliner le long de mon torse, je me dis que j'adore ça. Je bois des litres et des litres de flottes, et j'ai l'impression que mon corps évacue l'hiver, en même temps que les kilos engrangés et les toxines accumulées. C'est que mine de rien, depuis le départ de Zoë j'en ai pris du poids. Quinze kilos, si j'en crois la balance de la pharmacie du coin... Mais bon, pas de panique ! Je me connais, je sais que je vais les perdre encore plus vite que je les ai pris ! Une fois que je me serais remis en route bien sûr...
Oui mais voilà, deux jours plus tard la polaire et les chaussettes sont de retour. Le vent a viré au Sud avec son cortège de pluie et de frissons, toutes les ouvertures sont de nouveau hermétiquement fermées et la mer redevient inhospitalière. L'envie de naviguer, si jamais elle avait pu montrer le bout de son nez à la faveur d'un temps plus clément, disparaît alors. Je n'ai plus qu'un désir, celui d'être ailleurs sans avoir à bouger. Je sais, à moins d'inventer le télé-porteur, c'est pas gagné.

Touline apprécie elle aussi !
Parfois, lorsque le moral est plus en berne que d'habitude, j'en viens franchement à me dire que lorsque l'année dernière j'ai pris la décision de descendre vers le Sud, plutôt que de filer directement sur les Antilles, j'aurais mieux fait de me casser une jambe. Mais bon, il ne sert à rien de regretter le passé, et tout n'a pas été négatif depuis que j'ai pris cette décision... Enfin, presque tout.

Je crois sincèrement que les pires contraintes sont celles que l'on s'impose à soi-même. Mais une fois qu'on a dit ça, cela ne résout rien pour autant. A force de ne pas vouloir être contraint justement on en vient, j'en viens, à ne plus rien souhaiter d'autre que de rester dans ma petite zone de confort... En résumé, le pendant de cette liberté chérie que je recherche, c'est l'immobilisme. Alors, est-ce que c'est bien ou pas bien ? Me faut-il ou ne me faut-il pas culpabiliser de cet état de fait ? Là est toute la question, et c'est celle qui me préoccupe depuis quelques semaines déjà. Pour ne pas dire des mois.
Un nouvel arrivant
Lorsque je suis parti, je me suis promis à moi-même de ne jamais finir comme ces marins que l'on croise parfois au détour d'une escale. Des marins qui se sont ancrés à vie dans un port, et dont le bateau ne naviguera probablement plus jamais... Je me suis fait cette promesse parce qu'à mes yeux ce n'étaient plus ni des marins ni des bateaux. C'étaient des épaves. Ils symbolisaient quelque part, un échec. Mais si je me suis fait cette promesse, c'est aussi peut-être parce je savais déjà au fond de moi que c'est peut-être ainsi que je finirais... Presque trois ans plus tard, je ne vois plus du tout les choses de la même façon.
Car après tout, où est le mal de se trouver bien quelque part ? Hein ? Où est-il marqué que l'on n'a pas le droit de se poser ? Pourquoi la vie serait-elle forcément moins bien à l'arrêt qu'en mouvement ? C'est quoi cette pensée morbide qui dit que si quelqu'un ne bouge plus, c'est qu'il est forcément mort ?

Écoliers en "lavallière"
Comme vous pouvez le voir, ça se bouscule un peu dans ma tête en ce moment. Les choses qui hier m'apparaissaient devoir être évitées à tout prix deviennent peu à peu moins... Effrayantes, voire carrément tentantes.
Mais bon, rassurez-vous, nous n'en sommes là. Pas encore. Comme je l'ai déjà dit, j'adore l'Uruguay, mais je n'y finirais pas mes jours. Il fait bien trop froid à mon goût ! J'aspire à des contrées plus douces, où vivre ne coûte pratiquement rien. En clair, l’Asie sera mon Eldorado.
Donc on va partir. Bientôt. Ce matin le patron de la marina m'a encore fait du pied pour savoir quand est-ce que je comptais vider les lieux. C'est qu'avec les tarifs qui vont tripler à la fin de la semaine, il aimerait bien utiliser ma place pour y mettre un yacht de vingt mètres ! Je lui ai répondu que ça allait se faire... Peut-être pas avant la fin de cette semaine comme je l'avais prévu. Peut-être au début de la suivante, ou au milieu, ou à la fin. On verra. Mais les trente dollars par jour que cela va me coûter ajouteront certainement à la pression que je ressens déjà. 

(*) : Allusion au dernier commentaire laisser sur l'article précédent, et qui date de presque un mois. Je sais, ça ne me ressemble pas de vous laisser ainsi sans nouvelles. Je suis désolé.

Heureusement, on est là l'un pour l'autre !
Un peu de douceur dans ce monde de brute

samedi 16 novembre 2013

Bourrasques

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Un moment rare
Je crois que lorsque je me souviendrais de Piriápolis, ce sera comme la ville du vent. Il ne se passe pas une semaine sans que celui-ci essaye de démâter La Boiteuse, ou bien de fracasser son joli nez sur le quai.
Trente, trente-cinq, quarante nœuds parfois... Lorsque celui-ci souffle du Nord, il est chaud. Lorsqu'il vient de l'Est, il contourne la colline et déboule comme un fou sur le chantier où les mâts des bateaux font comme des tuyaux d'orgue. Il s'élève alors un hululement sinistre qui est fort loin du son rassurant et sympathique des drisses qui cliquettent sur les mâts. Lorsqu'il vient du Sud, avec son cortège de nuages et de pluie, il est glacial et soulève alors un clapot infernal qui transforme La Boiteuse en un cheval rétif... Bref, du vent, encore du vent, toujours du vent.

La pêche du soir

Cela dit, de temps en temps, il nous arrive d'avoir quelques belles journées. C'est rare, mais ça arrive. Des journées sans vent. Le soleil s'installe se met alors à taper et à taper fort. Les tenues des filles se raccourcissent, quelques baigneurs se risquent à tremper leurs pieds dans dans une eau à 20°C... On dirait l'été. Enfin presque, parce que vous n'avez même pas pris le temps de commencer à vous faire à l'idée que peut-être vous allez pouvoir profiter de la vie, qu'une dépression pointe son nez (ou un anticyclone d'ailleurs, car l'un comme l'autre génère son lot de bourrasques),

Le hameau des pêcheurs

C'est pendant un de ces rares moments de quiétude ensoleillée que j'ai pris les clichés que vous pouvez voir aujourd'hui. C'est également pendant une de ces trêves que j'ai eu le plaisir de recevoir Hedilya (oui je sais, ça fait mystérieux. Mais j'ai promis de respecter son anonymat !). Ce fut une belle rencontre, riche en échange et en partage... Bref, c'était super-sympa ! J'ai même, grâce à cette visite, réussi à briser ma routine et à faire des choses qui jusque là ne m'étaient même pas venue à l'esprit. Comme passer la pointe Sud du port pour voir ce qu'il y avait derrière, ou prendre le temps de savourer une glace chocolat-dulce de leche... Que du bonheur quoi ! 



Sinon, juste pour info, j'ai enfin pu résoudre mes petits soucis de carte bancaire et ai pu réglé ma dette envers la marina. Tout est clair dorénavant, et je vais pouvoir recommencer à penser à partir... Oui je sais, j'en vois déjà qui sourient à ces mots. Cela dit, s'il est bien une chose qui me poussera à partir, autre qu'un simple renouvellement de visa, c'est bien le triplement du loyer ! Car à parti du 15 décembre, nous entrerons dans ce qu'ils appellent ici « la temporada alta ». Et franchement, payer 40 US$ la nuit, ça va me faire mal au cul. Donc, je serais parti quoi qu'il arrive avant cette date, et je compte bien passer les fêtes sous des latitudes plus chaudes et si possible avec moins de vent !

Hasta luego !

Hotel Argentino

Touline se prend pour une sultane

Mmmmmm.....

samedi 9 novembre 2013

Noticias de Uruguay

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Un nouveau venu
Vendredi dernier, la météorologie annonçait un coup de vent du Sud susceptible de me faire avancer dans ma pérégrination. Un truc maousse, bien froid et bien humide, du genre peu engageant si vous voyez ce que je veux dire. Deux jours de vents violents, suivis d'une brusque renverse... Bref, je ne me suis pas senti le courage de me lancer dans une telle aventure après trois mois de quai. C'était à coup sûr se jeter dans les emmerdes... En plus, ce qui me poussait à partir n'avait rien de réellement justifié, puisqu'il s'agissait d'une espèce de culpabilité de merde venue d'on ne sait où. J'ai donc décidé de laisser passer l'orage (au sens propre comme au figuré) et d'attendre des jours meilleurs. Après tout, comme l'a dit un commentateur dans l'article précédent : Je suis libre.
Donc, je pense que cela n'étonnera personne si je vous dis que La Boiteuse est encore à se dandiner dans le port de Piriápolis. Après tout, maintenant que j'y pense, il n'y avait peut-être que moi pour croire que j'allais partir...

Lundi dernier j'ai donc fait renouveler mon visa pour trois mois supplémentaires. Comme je m'en doutais ça a été bâché en deux coups de cuillères à pot, les autorités uruguayennes étant décidément super accueillantes. En ce qui les concerne, je pourrais bien rester ici toute la vie, que ça ne les dérangerait pas plus que ça.
Puis, je me suis dit qu'il serait peut être temps que je pense à donner quelques sous à mes hôtes. Lors de mon arrivée, ils m'ont dit que je paierai en partant... Sauf qu'à l'époque je ne pensais rester que quelques semaines, et que ça fait quand même trois mois ! Je me suis donc rendu au bureau de la marina pour leur montrer la couleur de mon argent. Et là surprise, leur lecteur refuse ma carte bancaire... Bon, sur le moment j'ai un peu fait la gueule, puisque cela fait quand même trois fois que je me retrouve dans la même situation : Obligé de me démerder pour retirer une forte somme en liquide avec les frais que cela comporte. Grrrrr... Je hais les banques ! Et particulièrement la mienne, le Crédit Agricole !
Franchement, cela fait deux ans que je dis que je vais changer de banque, mais à un moment il va bien me falloir le faire. Si ce n'était ma réticence naturelle à frayer avec le Démon, il y a belle lurette que j'aurais ouvert un compte chez HSBC ou ING. Au moins eux, même s'il faudra bien un jour les juger pour crime contre l'Humanité, ils vous offre la VISA Premier et il y a zéro frais et aucun plafond quand vous retirer du fric à l'étranger... Mais bon, j'ai encore une morale. Je sais, ça me perdra.

Hier au soir....
Cela dit, la situation n'est pas désespérée et je devrais pouvoir solutionner le problème dès le début de la semaine prochaine. Ce qui va me laisser largement (?) le temps de récurer à fond La Boiteuse afin d'être prêt à recevoir Edilya qui me fait l'honneur de faire un petit détour dans ses pérégrinations afin de passer quelques jours dans la riante cité de Piriápolis.
Et oui ! La vie sociale de votre Capitaine préféré (oui, je me la pète si je veux) s'étoffe ! Non-pas qu'elle soit vide, loin de là, car le port de Piriápolis est pour ainsi dire une plaque tournante pour pas mal de bateaux, notamment ceux qui s'apprêtent à affronter les rigueurs du Grand Sud. Parmi ces équipages, je pourrais citer au hasard Tom et Axèle, Eric, Gilles, Annes, Franz et Anna... Bref, tout ceux-la forme une belle bande de copains avec qui il agréable d'échanger. Surtout lorsqu'on est comme moi un débutant, il est toujours passionnant d'écouter des types qui ont trente ans de mer derrière eux. Ça rend humble, croyez-moi.

Ben quoi ?
Voilà donc les dernières nouvelles. Un petit mot de Touline pour terminer : Sachez que cette vermine a décider de me faire sa crise d'adolescence et d'emménager ailleurs. Voilà quatre nuits qu'elle ne dort plus à la maison, ne rentrant que pour manger et chier. Bref, elle prend la Boiteuse pour un hôtel. J'envisage sérieusement de la vendre à ses logeurs, mais ceux-ci n'ont pas encore annoncé un prix suffisamment élevé... Alors je vous préviens Axèle et Tom, si vous voulez la garder va falloir allonger les pépètes !


lundi 28 octobre 2013

Je pense à voix haute, donc j'écris

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Avis à la Population !
Avant d'attaquer le sujet du jour je voulais revenir, si vous le voulez bien, sur la question que nous avons abordée la semaine dernière. A savoir si j'allais un jour remettre les pieds en France. Je pense que j'y ai répondu à ma façon, et je suis assez content de moi lorsque je vois les nombreux (et argumentés !) commentaires que ce texte a suscité. Cependant, il m'est apparu dans la semaine que finalement je pouvais retourner la question à pas mal des plus proches d'entre vous. Et vous ? Quand est-ce que vous prenez des vacances et que vous venez me voir ? Hein ?
C'est vrai quoi, vous sautez à bord d'un avion à pas cher, et hop ! En quelques heures vous êtes de l'autre côté de l'Atlantique ! Je promets même de nettoyer La Boiteuse si vous me prévenez suffisamment à l'avance !

Ceci dit, au cas ou vous vous poseriez la question de votre destination, sachez que celle-ci ne devrait pas tarder à changer... Et là, je vois d'ici vos oreilles se dresser tel le setter moyen. Comment ? Gwendal se déciderait à enfin abandonner le port de Piriápolis ?
Et bien oui, bien obligé puisque mon visa arrive à expiration. Bien sûr, dans l'absolu rien ne m'empêcherait de renouveler celui-ci ad vitam eternam. L’Uruguay est un pays tellement accueillant que ce serait un jeu d'enfant que de squatter ici jusqu'à la fin de mes jours sans avoir de compte à rendre à personne. En plus, franchement, citez moi un pays aussi avancé en matière sociétale que l'Uruguay, vous aurez du mal. Dernière réforme en cours, le cannabis est sur le point de devenir légal (il était déjà toléré). Mieux, il va être déclaré monopole d'état, cultivé et mis en vente au prix de un dollar (0,75 euro) le gramme. Bon, je ne fume que du tabac mais s'il y en a parmi vous que cela intéresse... 

Du maté dans le biberon !
Bref, tout ça pour dire que l'Uruguay pourrait tout à fait ressembler au petit paradis que je recherche par delà les vastes océans. Oui mais voilà... En ce qui me concerne il y a un hic, et pas un petit. Traitez moi de frileux, mais je trouve qu'il caille un peu trop dans ce pays. En plus le Rio de la Plata est vraiment un bassin de navigation merdique, alors tout ça cumulé fait que je n'ai quand même pas très envie de m'installer par ici.

Donc on va partir, et si possible avant l'expiration de mon visa, c'est à dire avant le 5 novembre. Et c'est là que les choses se compliquent car autant il est important que je me fixe des limites de temps en temps histoire de me motiver, autant le navigateur doit prendre en compte autre chose que le calendrier, à savoir la météo. Et là mes enfants, autant dire qu'on n'est pas sorti du sable.
Si j'en crois les prévisions j'aurais bien une fenêtre qui pourrait, à la rigueur, se dessiner le weekend prochain. Sauf que, on en a déjà parlé, les prévisions météorologiques dans le Rio de Plata au delà de 48 heures, s’apparentent plus à des prédictions qu'à des prévisions. Et encore, des prédictions faites par un devin débutant à peine sorti de l'école des charlatans. Donc autant dire qu'à l'heure actuelle je suis dans le flou le plus complet.

Foutez-moi la paix, je pense !
Il va donc falloir que je prépare le bateau et que je me tienne prêt à sauter sur la première occasion qui me sera offerte. En théorie, j'ai besoin de trois jours de vent favorables pour rejoindre Rio Grande do Sul au Brésil. Et croyez moi si je vous dis que trois jours d'affilé avec un vent dans la même direction c'est quasiment impossible dans le coin ! Cela veut donc dire (je réfléchis en même temps que j'écris), que je vais devoir probablement louvoyer, voire même me faire secouer comme un prunier, être malade, me faire tremper, me peler les couilles... Bref, ça va être une vraie partie de plaisir.

Un asado en bonne compagnie
Cela dit, et j'en terminerais là dans ma réflexion, je ne suis pas stupide au point de m'imposer des épreuves que je sais d'avance être douloureuses, à la fois pour moi et pour mon bateau. Donc, si jamais je loupe cette opportunité de partir, il ne faut pas que j'en fasse un fromage non plus. Après tout, comme me le disait ma voisine de ponton, Axele : T'es libre de faire ce que tu veux !
Et elle a bien raison Axele. Si j'ai choisi cette vie, c'est bien pour être libre. Alors on ne va pas se mettre martel en tête, et prendre les choses comme elles viennent. Si ça passe, tant mieux, et si ça ne passe pas... Et bien ça passera la prochaine fois !

Bon allez. Fin de la présente diatribe. Je vous remercie de m'avoir donné l'opportunité de réfléchir à haute voix devant vous, et je vais commencer à préparer mon bateau pour la navigation. Et puis tiens, je vais quand même passer voir l'immigration pour me renseigner sur les formalités de renouvellement de visa. On ne sait jamais !

PS : N'empêche, c'est vachement cool de vous avoir. Il suffit que je vous écrive quelques mots pour que les choses s’éclaircissent dans ma tête. Merci à vous les lecteurs !

Et Touline va bien !

lundi 21 octobre 2013

Pauvre France...

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

S'il est une question qui revient régulièrement, aussi bien de la part de mes proches que de correspondants plus ou moins anonymes, c'est bien celle-ci. Quand est-ce que tu rentres ? Ou bien, dans un registre moins définitif, la question devient : Quand est-ce que tu viens faire un tour en France pour nous voir ?
En règle générale, je botte en touche et je réponds que cela n'est pas au programme pour l'instant. Une façon pour moi d'éluder la question en même temps que la réponse. Ou du moins de biaiser, le temps de chercher mes mots.

Le Bonheur ressemble à ça...
Sachez-le, dès même avant mon départ, alors que j'en étais à préparer dans ma tête un tour du monde à la voile en solitaire, j'avais déjà l'intuition que ce voyage ne devait pas s'envisager comme une parenthèse. Il s'agissait d'un choix de vie, et non pas d'une virée en mer limitée dans le temps. Je sentais au fond de moi que terminer ce voyage aurait quelque part le parfum de l'échec. Parce que c'est vrai quoi, vous faites le tour de la planète sur un voilier et après ? Vous croyez vraiment qu'il est possible de reprendre son train-train quotidien après un voyage pareil ? Et puis le côté : Youpi, je reviens d'un tour du monde à la voile en solitaire, regardez-moi comme je suis balaise ! Faites-moi une place dans votre monde ! Je suis peut-être un rêveur, mais je ne suis pas stupide. Je sais bien que les choses ne se passent pas comme ça. Et puis, je ne suis pas vraiment homme à me glorifier d'une performance, je pense que vous commencez à le comprendre.
Il est donc clair qu'à l'époque, et sans trop savoir encore mettre des mots dessus, j'envisageais déjà qu'un retour signifierait qu'au cours de ce périple, je serais passé à côté de quelque chose. Cela aurait voulu dire que je n'aurais pas trouvé le Bonheur avec un grand B.

Deux ans et demi plus tard, et si l'on excepte un aller-retour vite fait de quatre jours pour vendre ma maison, je n'ai toujours pas remis les pieds en France. Et franchement je n'en n'ai pas envie. Pas encore. Entendons-nous bien, j'aurais les moyens de me payer un aller retour si je le voulais, ce n'est donc pas un problème d'argent. De même, je sais très bien que si je venais passer quelques jours au pays, certaines personnes seraient ravies de m’accueillir, ce n'est donc pas non plus un problème de logistique. Non, mon souci est que pour envisager de faire une pause il faudrait déjà que j'ai le sentiment d'avoir accompli quelque chose... Et ce n'est pour l'instant pas le cas.
D'accord, vous allez me dire que je suis bien trop exigeant avec moi-même, que traverser l'Atlantique en solitaire c'est déjà pas mal, qu'avoir séjourné dans tant de pays c'est déjà quelque chose... Peut-être. Mais il n'empêche que cela ne me suffit pas. Pour ne serait-ce qu'un jour envisager de revenir il me faudrait... En fait, je n'en sais rien. Je vous le dirais lorsque je l'aurais fait !

Tu t'en fous toi, tu as un passeport espagnol !
Et puis... Et puis je dois vous avouer que ce qui se passe en France en ce moment ne joue pas vraiment en faveur d'un séjour au pays, fut-il bref. Depuis deux ans et demi que je suis parti, la France, ma France a bien changée. Sans doute ne vous en rendez-vous pas compte parce que vous avez le nez dedans, mais vu de l’extérieur je peux vous dire que c'est assez impressionnant.
Le racisme et la xénophobie se déchaînent depuis des mois et personne ne moufte. France Inter, ma radio, s'est transformé en affidé des banques et des assurances, et fait la part belle à des personnages (comme Finkielkraut la semaine dernière ou Copé encore ce matin) qui tiennent des discours odieux. Des discours qui, il n'y a pas si longtemps, auraient voué leur auteurs à la vindicte populaire et médiatique. Mais non, là encore personne ne moufte. Pire, on commence à trouver ça normal.
La gauche, elle aussi dite « normale », se droitise. La droite s'extrême-droitise. L'extrême droite jubile et engrange les points. Le pays dérape et tombe sur le cul, culbute et roule en arrière. Il régresse. On porte aux nues un type qui en descend un autre dans la rue d'une balle dans le dos. Cinquante années d'avancée sociétales sont mises en coupe réglée par un gouvernement sensément de gauche... Le code du travail est démoli. Les pauvres se mettent à payer plus d'impôts alors que les entreprises du CAC 40 se gavent comme jamais. On arrête une adolescente en pleine sortie scolaire pour l'expulser... Non mais sérieusement, c'est quoi ce bordel ? Elle est où la France des lumières ? La France du respect et des droits de l'homme ? On se croirait presque revenu dans les années quarante ! Ça sent la délation et la haine de l'autre. Ça sent la peur et la colère. Non, correction. Ça ne sent pas, ça pue. Et je peux vous dire que l'odeur on la sent à des milliers de kilomètres.

Ma dernière vision de la France, le port de Sète
Jusqu'à présent je me disais que si je devais un jour me planter dans ma quête, si je devais échouer, j'aurais toujours la possibilité et le plaisir de rentrer au pays. Que celui-ci m'accueillerait comme une mère son enfant... Là, je vous avouerais que je ne suis plus sûr de rien. J'ai peur de devenir comme ces voyageurs que je croise parfois, et qui tournent autour du monde non pas parce qu'ils le veulent mais parce qu'ils n'ont pas envie de rentrer chez eux.

Alors, alors... Alors quelque part cela me motive pour poursuivre ma route à la recherche d'un endroit où je pourrais dire que c'est chez moi. Cela me motive, mais cela me désole aussi. Car il y une différence entre partir parce qu'on ne se sent PAS chez soi, et partir parce qu'on ne se sent PLUS chez soi. Une énorme différence.

mercredi 16 octobre 2013

Ô mon bateau...

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Lorsque deux marins voyageur se croisent, ils se parlent. C'est comme ça, c'est obligé. Ils s'échangent des informations sur la zone de navigation ou sur la météo. Ils papotent sur les qualités respectives de telles ou telles marina, ou de tel ou tel mouillage. Ils se refilent l'adresse de la quincaillerie qui va bien, du boulanger qui fait du pain « à peu près comme chez nous ». Il dégoisent sur les tracasseries administratives du coin, ils commentent le prix des choses... Bref, ils communiquent.
Et puis au bout d'un moment, et surtout s'il s'agit de deux homme, ils en viennent à parler de leur bateau. Et c'est là que les choses peuvent devenir rigolotes, car invariablement chacun va défendre son bout de gras, vanter les qualités intrinsèques de sa monture, de ses aménagements, quitte à friser la caricature de l'ado qui cherche à prouver qu'il en a une bien plus grosse que son voisin.

Personnellement, je ne déroge pas à la règle. Mais même si mon approche de la vantardise est plus subtile puisque je commence toujours pas critiquer ma Boiteuse en énumérant la liste interminable de ses défauts... je finis toujours par vanter ses qualités qui sont essentiellement sa solidité et son immense mansuétude à mon égard.
Mais il arrive malheureusement un moment dans la conversation ou je décroche parce que je me révèle complètement incompétent, c'est lorsque l'on aborde le thème de l'architecture navale.

Entendons-nous bien, je crois pouvoir dire que je sais manœuvrer mon bateau (les quelques 8000 milles que j'ai déjà parcouru le prouvent), je sais également faire la différence entre un sloop, un ketch, un cotre et une goélette... Mais ça s'arrête là. Dès que l'on commence à causer de plan machin-chose, de dérive truc-bidule, de telle carène ou de tel type de gréement, je suis complètement largué !
Je suis complètement inculte en ce qui concerne les bases même du nautisme et les marques de bateaux que je saurais à coup sûr reconnaître au premier coup d’œil doivent se compter sur les doigts d'une main (Bon ok, une main et demie). Les arcanes technologiques des MOD 70, ou des 60 pieds IMOCA sur lesquelles tant d’aficionados s'extasient me laissent dubitatif, voire même m’indiffèrent. Bref, pour moi, du haut de mon inculture, un bateau ce n'est pas ça.
Un bateau c'est beau, ou pas. Un bateau ça donne envie de partir, ou pas. Pour moi un beau bateau il a forcément des panneaux solaires et une éolienne qui tourne. Pour moi un beau bateau c'est fait pour naviguer loin ou alors ce n'est un jouet pour faire la course entre gamins privilégiés. Point barre.
Je sais bien qu'encore une fois on va me reprocher d'être par trop radical. Mais que voulez-vous, je suis comme ça...

Bon, le but originel de cet article n'était pas de déblatérer sur mes opinions tranchés, mais plutôt de soumettre à la sagacité de quelques-uns quelques bateaux que j'ai pu croiser ici ou là et qui m'ont interpellés. Certains sont pour moi des énigmes, d'autres des coups de cœur, mais ils ont tous en commun d'être unique.
Alors chers lecteurs, je vous en prie, amusez-vous et n'hésitez pas à vous lâcher dans les commentaires. Aujourd'hui c'est forum spécial bateaux-qui-font-causer ! 


Le plus beau pour moi, le Skoiern
Une goélette avec seulement deux voiles d'avant, bômées.

Un ketch avec des wishbones !

Là... J'ai rien compris.

Le Tigara
Fernande, ma voisine.
Une jolie jonque

Le Mollymawk
Le Rêve d'Antille, Loïck
Oui, c'est bien un cata-jonque avec un mât sur chaque flotteur