samedi 30 août 2014

Quand ça veut pas, ça veut pas !

20°18.042S 40°17.316W
Vitória

Originellement, le départ était prévu pour vendredi matin. Ce vendredi matin. Enfin, celui qui vient de passer je veux dire. La fenêtre semblait suffisante pour rallier Santo André à quelques 300 milles au Nord de Vitória. Un front froid en provenance du sud devait balayer la région, sans pour autant apporter la pluie, ce qui est plutôt rare en cette saison.

J'étais motivé, et nous avions prévu de faire la route avec le Raptor, le cata australien.

Jeudi matin, les choses se sont accélérées en même temps qu'elles ont commencé à partir en couille. J'étais comme à mon habitude dès six heures du matin assis sur la terrasse déserte du restaurant du Iate Clube, lorsqu’après avoir téléchargé les dernières prévisions météo via Zygrib, il m'est apparu que cette fichue fenêtre se refermait rapidement. Dès le dimanche le vent virait au nord, en plein dans le pif... Ce qui présageait une arrivée en tirant des bords, voire au moteur.

Une seule solution pour ne pas louper cette fenêtre : Partir dès aujourd'hui. Au plus tard en fin d'après midi.


Vers 08H00, alors que je rejoignais mon bord pour commencer à préparer La Boiteuse, j'avise un voilier, un Delta 41 brésilien, qui s'avance vers l'entrée de la marina. Je ralenti mon annexe et je me dirige vers lui pour proposer mon aide. En effet, à Vitória la prise de quai peut s'avérer Rock&Roll et les employés du Iate Clube ne sont pas toujours disponibles. Alors que je m'approchais, j'entends avec un fort accent brésilien : Comment ça va mon ami !

Roberto !!!! Ben merde alors ! Qu'est-ce que tu fous là ? En portugnol ça donne à peu-près ça : ¡Roberto! ¡Puta madre! ¿Que voce faze aqui?

Bref, c'était Roberto. Probablement la personne que je connais le mieux et que j'apprécie le plus dans ce pays. Nous nous sommes croisé je ne sais plus combien de fois depuis deux ans qu'on se connaît. Depuis mon premier passage à Rio Grande do Sul, à 1000 milles d'ici en fait... Bref, c'était Roberto et j'étais vachement content de le voir.

Lorsque je lui ai fait part de mon intention de partir avant la nuit, il me l'a déconseillé me disant que la météo annonçait un avis de vent fort et de grosse mer. Le problème avec Roberto, c'est que c'est un roublard. Il me connaît bien, et il sait qu'il est assez facile de me faire changer d'avis. Surtout si ça nous permet de passer du temps ensemble...


Mais j'ai tenu bon. J'ai exploré les bulletins de la Diretoria de Hidrografia e Navigação, et après en avoir discuté avec Alex, le capitaine du Raptor, nous avons décidé de partir malgré tout. Vent de force 4/5, vagues de trois mètres dans les fesses... Un peu musclé mais gérable.

16H40 : Mercedes démarre au quart de tour. Tout est fin prêt, je n'ai plus qu'à allumer l'ordinateur et... C'est quoi ce bordel ? Pourquoi la souri GPS ne fonctionne t-elle pas ? J'éteins, je rallume, je réinitialise la connexion et... Toujours rien ! Merde !

Finalement, au bout de vingt minutes de tâtonnement je me rends compte qu'Opencpn à probablement dû beuguer, puisque le port COM de ma souri GPS n'est pas reconnu. Je lui dis où chercher, et hop ça marche ! Cette fois on peut y aller.

17H00 : Je me décroche de la bouée et nous voilà partis. La nuit commence à tomber, et le ciel se fait menaçant au sud. Je salue au passage Bill sur le pont du Raptor et j'enquille le canal de sortie.


17H40 : Un fine pluie commence à tomber... Et merde. Ils z'avaient pourtant dit qu'il ne pleuvrait pas. Je hisse la GV avec deux ris.

Je ne voudrais pas jouer les Cassandre, mais il y a un truc qui m'inquiète un peu. C'est mon arbre d'hélice. Je trouve qu'il vibre un peu. Un peu beaucoup même.

Bon, je reconnais que ce n'est pas nouveau... Mais là j'ai l'impression que c'est de pire en pire. Dans l'absolu, ce n'est pas si grave (je crois) car je devrais éteindre Mercedes d'ici une vingtaine de minutes et ne plus en avoir besoin avant plusieurs jours. Mais quand même...

17H50 : Bon allez, je fais demi-tour. Appelez ça de l'instinct, ou de la mauvaise volonté comme vous voulez, mais je ne la sens pas cette navigation. Si jamais le problème devait s'aggraver je ne suis pas sûr de savoir où réparer. Alors qu'ici, et même si je n'apprécie que moyennement cette escale, je sais y trouver un mécanicien compétent.

18H00 : Putain... Jamais j'arriverais à partir de cet endroit !

18H30 : Je repasse devant le Raptor. Alex est sur le pont et me demande ce qu'il se passe. Je réponds : Something wrong with my engine !

18H45 : Je retrouve ma bouée. Alex est venu me filer la main avec son dinghy. Il grimpe à bord et se penche aussitôt sur mon problème. C'est qu'il est doué en mécanique le Alex, et pas avare de sa gentillesse. Au bout de quelques secondes il trouve ce qui cloche : Un bout de tuyau mal placé qui amplifiait les vibrations et faisait ce bruit qui m'inquiétait tant.

Je suis soulagé... Mais pour autant, il est hors de question que je reparte.


Je ne sais pas comment vous expliquer ça... Pour moi, partir en mer est un processus lent à construire. J'ai besoin de me motiver pendant au moins vingt-quatre heures et que les choses montent en puissance petit à petit. Mais si par malheur quelque chose venait à gripper ce délicat processus, ça me coupe les jambes. Là, pour tout vous dire j'ai comme un gros coup de barre et une absolue non-envie de quoi que ce soit. Si ce n'est de me coucher et de dormir.

Et c'est ce que j'ai fait.

Fabio au boulot

Le lendemain matin, je croise Fabio, mon mécanicien préféré. Je lui explique ce qu'il s'est passé et je lui demande de venir jeter un coup d’œil. C'est que même si ce bout de tuyau semblait être la source de ce bruit intempestif, il n'empêche que mon arbre d'hélice vibre quand même plus qu'avant... Alors autant régler ce problème tant que j'en ai la possibilité et les moyens.

En début d'après midi, Fabio grimpe à bord et s’attelle à la chose. Là en encore il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour poser son diagnostique : L'arbre et le tourteau ne sont plus alignés.

D'ailleurs c'est vrai que le tourteau est dans un triste état... Tout rouillé, avec des bouts de caoutchouc qui pendouillent. Il fait peine à voir.

Je lui demande si c'est dû à un manque d'entretien de ma part (toujours cette fichue manie de me croire responsable de tout), mais il m'affirme que non. Le moteur est vieux et la pièce est vieille... Seul le temps est responsable de mon infortune.

Mais il n'empêche que j'ai bien fait de le faire venir, car tôt ou tard le tourteau aurait cédé et là je me serais retrouvé dans la merde avec un moteur qui tourne comme une horloge (là, j'ai été vachement fier de moi) mais qui n'arrive pas à faire tourner l'hélice. Donc un moteur qui ne sert à rien.


Tourteau tout pourri

Il lui fallut une heure et demi pour démonter le bordel. Il n'a jamais vu un modèle semblable... Et est-ce une vue de l'esprit de ma part, mais j'ai l'impression que ça le rend heureux ! On dirait un gamin qui découvre un jouet au pied du sapin !

Bref, il est reparti avec la pièce et m'a demandé de repasser le voir lundi matin. Là on verra si il peut me proposer une pièce équivalente, ou bien s'il faudra carrément en fabriquer une... Je sens que ça va douiller cette histoire.

Voilà les amis. Je ne sais pas encore pour combien de temps je vais en avoir avant d'être prêt à repartir... Mais comme dit l'autre : Quand ça veut pas, ça veut pas !

lundi 25 août 2014

Broderies, encore...

20°18.042S 40°17.316W
Vitória

Juste quelques mots et quelques photos histoire de rassurer les lecteurs qui s'inquiètent de ne plus avoir de nouvelles. Oui, il y en a. Bon ok, c'est vrai que cela fait presque un mois que je n'ai rien publié et vous seriez en droit de vous demander ce qu'il se passe, étant donné que je ne vous ai pas habitué à un silence si prolongé.

Le Mata'I
Peut-être vous dites-vous que j'ai eu des ennuis avec l'immigration, que j'ai rencontré une petite et que je file le parfait amour sous les cocotiers, que La Boiteuse a brûlée, que Touline a disparue, que sais-je encore ? C'est vrai quoi ! Lorsqu'on sait qui je suis et étant donné ce que je fais, les raisons de s'inquiéter peuvent être nombreuses et variées. Et croyez-le ou pas, j'en ai conscience. Mais rassurez vous, il ne s'agit pas de ça... Car si encore il m'était arrivé des trucs de ce genre, j'aurais eu matière à écrire un article croyez-le bien.

Le foc avec sa nouvelle bande anti-UV
Non, c'est bien plus simple que ça. Je suis en pleine phase de réflexions intenses, et l'absence de fenêtre météo susceptibles de me faire avancer géographiquement corrélée à une escale particulièrement pauvres en rebondissements, m'obligent à avancer dans ma tête. Du moins j'essaye. Alors bien sûr, chez moi les grandes remises en question s'accompagnent généralement d'une légère baisse de moral, et d'une tendance au renfermement. C'est pas de bol pour vous, je sais bien... 

Le Raptor, battant pavillon australien
En même temps, je vous rappelle que mon lecteur de base est un ou une active, entre trente et cinquante ans, et qu'il ou elle est en vacance. Depuis le début de l'été septentrional les fréquentations du blog sont en chute libre, et c'est comme ça tous les ans. Donc, vous n'allez pas me chier une pendule non-plus, hein ?

Bref, si je n'ai pas écris c'est que je n'avais rien à dire. Rien de passionnant en tout cas. Et pour une fois j'ai décidé de garder pour moi mes questionnements et mes doutes. Mais je vous fais une promesse : Lorsque tout ça aura mûri dans ma tête, vous serez les premiers au courant !

Non, je ne veux pas de ton bisou !
 
Je veux qu'on me laisse dormir !